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B H3.8 LE DIAGRAMME B-H 3.8.1 Introduction Le diagramme B-H, appelé aussi courbe d'aimantation ou cycle d'hystérésis est la courbe de réponse de
matériaux magnétiques. La simplicité de l'équation B = µH n'est qu'apparente. En fait, cette relation n'est pas linéaire puisque la perméabilité µ dépend de H, d'où la nécessité d'une représentation de la fonction B(H). La non linéarité des matériaux magnétiques ne rend pas leur utilisation particulièrement aisée. Par contre, elle permet la réalisation de certains dispositifs intéressants, tels que les registres à bulles magnétiques, les mémoires magnétiques, les régulateurs à noyaux saturables, etc... 3.8.2 Processus de polarisation et diagramme B - H Soit un monocristal de fer, pratiquement sans défauts, dans lequel les domaines magnétiques se présentent tels qu'à la figure 3.68 (a).
Sauf dans certains monocristaux, le passage d'une zone à l'autre s'effectue progressivement. Les trois zones ne se distinguent donc pas toujours nettement les unes des autres. Il existe même certains alliages, reconnus pour leur faible variation de perméabilité en fonction de H, dans lesquels la distinction entre les zones des champs faibles et moyens est totalement effacée. 3.8.3 Induction à saturation. Définitions L'équation (3.10), B = μo H + I, montre qu'il n'y a théoriquement pas de saturation de B. La limite des valeurs de B accessibles ne provient, selon (3.10), que de l'impossibilité de créer des champs H aussi grands qu'on pourrait le désirer. En fait, c'est la polarisation magnétique qui atteint une valeur de saturation, à l'échelle du domaine magnétique, si la température s'approche de 0 K ou si H -> infini. L'usage a pourtant consacré l'expression champ d'induction à saturation Bsat. Pour éviter toute incertitude, on distingue deux valeurs de Bsat. 3.8.4 Induction rémanente et champ coercitif. Définitions Soit un échantillon polarisé à saturation, c'est-à-dire soumis à un champ magnétique H supérieur à Hsat. 3.8.5 Définition de quatre perméabilités relatives La non-linéarité de la fonction B(H) a pour effet que la perméabilité relative définie par (3.14) n'est pas une constante, mais une fonction du champ magnétique. La connaissance complète de cette fonction μr(H) n'est pas toujours indispensable. 3.8.6 Matériaux magnétiques doux et durs. Définitions. On appelle matériaux magnétiques doux ceux dans lesquels le champ coercitif est petit (tab. 3.106, 3.107 et 3.108). La surface de leur cycle d'hystérésis principal est faible. Le permalloy et l'isoperm (fig. 3.70) sont deux exemples de tels matériaux. 3.8.7 Pertes magnétiques. Généralités. Toute variation d'induction dans une matière magnétique provoque, à l'intérieur de celle-ci, une dissipation d'énergie. Cette énergie apparaît le plus souvent sous forme de chaleur et n'est généralement pas récupérable, d'où l'expression pertes magnétiques utilisée pour désigner le phénomène. On distingue trois types de pertes magnétiques
Les pertes par hystérésis sont dues au travail des forces de freinage agissant sur les parois de Bloch en mouvement. Elles sont donc maximum quand les forces d'épinglage sont les plus grandes, c'est-à-dire dans les matériaux magnétiques durs. Les pertes par hystérésis correspondent au travail nécessaire pour parcourir lentement le diagramme B-H. 3.8.8 Modèle du diagramme B-H pour les champs faibles Sauf dans certains cas peu intéressants en pratique, il n'est pas possible d'établir de façon purement théorique la fonction B(H) relative à un matériau donné. Il
reste par conséquent à trouver les équations représentant le mieux possible les fonctions B(H) établies expérimentalement.
Fig. 3.76 Etablissement du cycle de Rayleigh: Le changement de signe dans (3.108) n'est pas pratique dans les calculs, mais on peut le supprimer par un développement en série de Fourier. Ce procédé est particulièrement adapté au cas où H est sinusodal, comme dans l'exemple d'application traité au paragraphe 3.8.18. 3.8.9 Pertes par hystérésis à champ faible L'énergie Wh correspondant aux pertes par hystérésis, dissipée par
unité de volume, lorsqu'on parcourt le cycle une fois, vaut 3.8.10 Pertes par courants de Foucault Les pertes par courants de Foucault PF dans un noyau de résistivité p et de volume V se calculent par la relation Soit le cas d'une tôle soumise à un champ magnétique orienté selon l'axe z
Dans une tôle de fer silicié, typiquement μr = 5000 et ρ
= 0.6 10-6 Wm, donc 1/β = 0.75 mm à 50 Hz et 0.075 mm à 5 kHz. 3.8.11 Remarques La perméabilité d'une tôle varie généralement en fonction de l'angle de B avec la direction de laminage (fig. 3.92). Avec la solution représentée à la figure 3.78 (a), on ne peut donc exploiter la perméabilité maximum de la tôle, B tournant de 360 par rapport à la direction de laminage lorsqu'on décrit une ligne de champ. La solution représentée à la figure 3.78 (b), utilisée avec un matériau à perméabilité maximum dans le sens de laminage ne présente pas cet inconvénient. 3.8.12 Correction de la perméabilité Les courants de Foucault provoquent non seulement des pertes mais encore une diminution apparente de la perméabilité, liée à l'atténuation du champ magnétique à l'intérieur de la matière. La valeur de H à l'intérieur d'une tôle se déduit de (3.117), en faisant usage de la relation (3.123) : 3.8.13 Discrimination expérimentale des types de pertes Les équations (3.115) et (3.122) montrent que tan δh ~ B et tan δF ~ ω. Il est donc possible de séparer ces deux types de pertes en mesurant, au moyen d'un pont de Wheatstone, la tangente de l'angle des pertes magnétiques totales. Pour la plupart des matériaux, on obtient un graphique, appelé diagramme de Jordan, qui présente l'allure suivante (fig. 3.82)
3.8.14 Modèles généraux pour les pertes à champ faible Plusieurs modèles équivalents, dans lesquels tan St est considéré comme indépendant de Ê et w, sont en usage pour évaluer les pertes magnétiques totales. Les trois types de pertes sont traités séparément les uns des autres, puis sommés. En reprenant les résultats de calcul obtenus dans les paragraphes précédents, on peut écrire le facteur de pertes tan δ/µ sous la forme : 3.8.16 Pertes magnétiques à champs moyens et forts Dans les champs moyens et forts, le cycle d'hystérésis cesse d'être représentable par le modèle de Rayleigh et les pertes par courants de Foucault anormales peuvent atteindre plusieurs fois la valeur théorique donnée par (3.120). Par contre, la contribution des pertes par trainage devient négligeable en valeur relative. Dans ces conditions, on calcule les pertes à partir d'une expression empirique du type: 3.8.17 Pertes magnétiques dans leschamps tournants Une approche différente est nécessaire quand, l'amplitude du champ restant constante, c'est son orientation qui varie dans le temps. Ce cas se rencontre par exemple à la jonction des circuits magnétiques des transformateurs triphasés et dans la denture des machines tournantes. On trouvera dans [45] plusieurs références concernant des mesures et des tentatives de modélisation des pertes en champs tournants. 3.8.18 Distorsion de signaux Les signaux qui parcourent des éléments de circuits utilisant des matériaux magnétiques subissent une distorsion, du fait que B(H) n'est pas une fonction linéaire. Cette question sera abordée par le biais du problème suivant: Finalement (3.150) 3.9 MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES DOUX 3.9.1 Introduction Cette section et la suivante sont consacrées aux principales catégories de matériaux magnétiques disponibles sur le marché. On présentera successivement le fer pur, le fer allié au silicium, le fer allié au nickel, les alliages spéciaux, les ferrites et les noyaux comprimés. Quelques brèves indications concernant les applications seront fournies.
Sauf affinage spécial, leur concentration est assez largement supérieure aux valeurs indiquées ci-dessus, ce qui provoque l'apparition d'inclusions diverses sous forme de carbures, de nitrures, d'oxydes de fer, etc. (Fe3C, Fe4N, FeO). Ces inclusions freinent le mouvement des parois de Bloch, la perméabilité reste par conséquent modeste μri = 200; μr max = 5 000, et les pertes élevées : 10-12 W/kg à B = 1,5 T et f = 50 Hz. 3.9.3 Fer silicié L'adjonction de quelques pourcents de silicium dans un fer doux améliore plusieurs de ces qualités
Le seul paramètre magnétique influencé défavorablement par la présence du silicium est l'induction à saturation, qui diminue légèrement (fig. 3.89). 3.9.4 Alliages fer-nickel On obtient des alliages aux propriétés magnétiques intéressantes avec des pourcentages de nickel dans le fer compris entre 28% et 78%. Par l'adjonction d'une faible quantité d'autres métaux tels que le cuivre, le chrome ou le molybdène, une amélioration significative des caractéristiques est souvent acquise. Les traitements thermiques sous champ magnétique ont également un effet bénéfique. De tous les matériaux disponibles sur une base industrielle, ces alliages possèdent les plus hautes perméabilités et les plus bas champs coercitifs. Leur induction à saturation par contre est peu élevée; dans certains cas, elle ne représente que le tiers de celle d'un fer silicié. Ils possèdent une résistance mécanique qui permet de les travailler facilement. Ils sont relativement onéreux, voire très onéreux selon les nuances, en raison du coût élevé du nickel et de la complexité de certains traitements thermiques. 3.9.5 Alliages spéciaux Les alliages au cobalt présentent les plus fortes inductions à saturation et
les températures de Curie les plus élevées. Le cobalt est soluble dans le fer jusqu'à une concentration de 75%, la structure est cubique centrée. 3.9.6 Ferrites Les ferrites sont environ deux fois plus légers que le fer. Ils contiennent 4 ions non
magnétiques (oxygène) pour 3 ions magnétiques, dans la structure spinelle. Ces caractéristiques, ainsi que le mécanisme d'alignement des moments magnétiques particulier aux ferrites ( 3.6.3) limitent de manière absolue l'induction à saturation de ces matériaux. Elle est approximativement 5 fois plus faible dans les ferrites que dans les alliages magnétiques.
La famille des ferrites au manganèse Mn1-x ZnxFe2 04 est la plus représentative des ferrites
à haute perméabilité. La perméabilité initiale est de l'ordre de 500 à 10 000, selon les nuances. La résistivité est relativement basse en raison de la présence d'ions ferreux dans les sites B. Ces ions libèrent des électrons selon la réaction. 3.9.7 Ferrites à pertes par résonance En plus des pertes étudiées jusqu'ici, qui
varient régulièrement avec la fréquence, les matériaux magnétiques
présentent des pertes par résonance provoquées principalement par une résonance des spins eux-mêmes. 3.9.8 Noyaux comprimés Les noyaux comprimés sont constitués d'une poudre de fer, ou d'alliage fer-nickel, dont le diamètre des grains est de l'ordre de 50 um à 100 (im. Ces grains, enrobés d'un isolant, sont comprimés en présence d'un liant adéquat pour obtenir le noyau, généralement de forme torodale. La fine division du matériau magnétique réduit fortement les pertes par courants de Foucault, ce qui rend les noyaux comprimés utilisables jusqu'à quelques centaines de kHz. Il faut toutefois remarquer que ce résultat n'est obtenu qu'au prix d'un sacrifice important touchant la perméabilité, dont la valeur est généralement comprise entre 10 et 100. L'isolation de chaque grain constitue un entrefer. 3.10 MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES DURS 3.10.1 Introduction La seule application des matériaux magnétiques durs réside dans la fabrication des aimants permanents. L'usage de ces aimants est très répandu et touche par exemple les domaines suivants : moteurs, générateurs et autres machines tournantes, écouteurs téléphoniques et haut-parleurs, instruments de mesure, composants hyperfréquence, supports d'enregistrement : bandes et disques magnétiques. L'industrie des biens de consommation en absorbe également une quantité importante. Dans son ensemble, le marché des matériaux magnétiques durs égale ou même surpasse légèrement, financièrement parlant, le marché des matériaux magnétique doux. 3.10.2 Alnico, Ticonal Les alliages les plus largement utilisés comme matériaux magnétiques durs comportent en plus du fer, du cobalt et du nickel, puis, dans des proportions plus restreintes, de l'aluminium et du cuivre, parfois d'autres éléments encore. Connus sous les appellations générales Alnico ou Ticonal, ces matériaux portent encore un grand nombre de marques de fabrique différentes. Dans la suite, on les désignera simplement par Alnico. 3.10.3 Ferrites Par leur structure hexagonale, les ferrites au baryum, et au
strontium ( 3.6.7) présentent une forte anisotropie cristalline, qui en
fait des matériaux magnétiques durs aux propiétés intéressantes. Leur
caractéristique de désaimantation se dif férencie nettement de celle des
Alnicos, par un champ coercitif plus élevé et une induction rémanente
plus basse (fig. 3.105). 3.10.4 Autres matériaux Par les quantités utilisées, les Alnicos et les ferrites viennent nettement en tête. Il existe néanmoins, un grand nombre d'autres matériaux magnétiques durs, dont l'importance est parfois décisive pour certaines applications. 3.10.5 Matériaux pour l'enregistrement magnétique Le support des enregistrements magnétiques est constitué d'une fine couche d'oxyde magnétique disposé dans un liant plastique adéquat, et déposé sur une bande ou un disque.
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