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Ferro3.4.4 Bases de la théorie de Weiss Pour quelle raison les moments magnétiques s'alignent-ils parallèlement les uns aux autres dans les matériaux ferromagnétiques? L'explication dépend évidemment du modèle choisi pour décrire le phénomène. La théorie quantique fait appel aux notions d'énergie d'échange entre moments magnétiques voisins, et de chevauchement d'orbitales cristallines. La théorie de Weiss est une approche phénoménologique beaucoup plus simple, et de portée générale. Elle donne une première approximation valable de la variation de la polarisation spontanée en fonction de la température. 3.4.5 Théorie de Weiss. Discussion des résultats Il est instructif de tirer I de la résolution graphique des équations simultanées (3.28) et (3.46), représentée à la figure 3.19. 3.4.6 Origine du ferromagnétisme L'expérience montre que le ferromagnétisme est une propriété liée à la structure électronique caractéristique des métaux de transition (lère série) et des terres rares. Ces matériaux ont en commun la particularité de présenter une couche électronique interne non complètement remplie, correspondant aux niveaux 3d pour les premiers, 4f pour les seconds. On traitera principalement le cas des métaux de transition, dont font partie le fer, le cobalt et le nickel. Le cas des terres rares est semblable, bien que plus complexe encore, en raison du plus grand nombre d'électrons à prendre en compte. 3.4.7 Structure des bandes 3d, 4s et couplage ferromagnétique Les couches électroniques plus proches du noyau que la couche 3 d sont complètes dans les métaux de transition. Elles ne produisent donc aucun moment magnétique.
L'étroitesse de la bande 3 d a deux conséquences importantes. Premièrement, l'énergie cinétique des électrons de 3d est faible, comparée à celle des électrons de 4s par exemple. Il suffit pour s'en convaincre de se reporter à l'équation (2.127) et à la figure 2.24: W /k est d'autant plus petit que la bande est étroite. Les états 3d se rapprochent donc davantage des états d'un atome libre que les états 4s. En d'autres termes, les électrons de 3 d appartiennent davantage à "leur" atome que les électrons de 4s, et cela a un sens de parler de l'interaction entre électrons 3 d d'atomes voisins. 3.4.8 Méthodes expérimentales La grande majorité des problèmes que les ingénieurs rencontrent, concernant le ferromagnétisme, ne peuvent recevoir de solution par la théorie quantique. Les techniques expérimentales constituent donc la source la plus importante de renseignements. Trois méthodes, citées par ordre de complexité croissante dans leur mise en cuivre, sont employées couramment. Ce sont:
La polarisation à saturation peut être déduite d'expériences basées sur la mesure de
forces agissant sur un échantillon (balances magnétiques), sur la mesure de champs magnétiques (magnétomètres), ou sur la mesure de courants et tensions induits par variation d'un flux magnétique (galvanomètre balistique, oscilloscope). 3.4.9 Règle de Hund La couche 3d comprend cinq électrons de spin positif plus cinq électrons de spin négatif ( 1.2.9). Dans les atomes libres, cette couche se remplit d'une façon particulière. Lorsqu'on décrit la série des métaux de transition (lère série) des plus légers aux plus lourds, les états correspondants aux spins positifs sont occupés les premiers. Il n'y a jamais de spins négatifs tant qu'un état tant qu'un état correspondant à un spin positif est encore vacant (tab. 3.24). Ce processus est connu sous le nom de Règle de Hund. 3.4.10 Occupation de la bande 3d et 4s dans les métaux purs La règle de Hund cesse d'être valable lorsque les atomes ne sont plus à l'état
libre, mais ont au contraire liés par des liens de valence, à l'intérieur d'un métal par exemple. Le tableau 3.24 montre que la disparité entre les bandes 3d+ et 3d- disparaît complétement dans le chrome, le manganèse, le cuivre et le zinc. Elle subsiste sous une forme attenuée dans le fer, le cobalt et le nickel. 3.4.11 Remarque Certains types de valence perturbent moins la configuration électronique de l'atome libre que la valence métallique. On les rencontre dans les ferrites (sect. 3.6) et dans certains sels, tels que ceux dont la polarisation à basse température est représentée à la figure 3.16. Dans ces sels, le fer et le chrome cèdent chacun trois électrons. En admettant que le fer cède ses deux électrons de 4 s puis, suivant la règle de Hund l'électron de spin négatif de 3 d, on obtient NB = 5. De même si le chrome cède son électron de 4 s puis deux électrons de 3 d en respectant aussi la règle de Hund, on obtient NB = 3. Ces deux valeurs de NB sont en accord avec les polarisations à saturation relevées sur la figure 3.16. 3.4.12 Cas des alliages Le ferromagnétisme apparaît aussi dans les alliages du fer, du cobalt et du nickel avec d'autres métaux de transition, à condition que le nombre moyen d'électrons par atome, dans les couches 3 d et 4 s, soit compris entre 6,5 et 10,5 environ (fig. 3.25). La valeur maximum de NB se situe aux alentours de 2,5, il faut donc admettre que l'écart en énergie entre 3 d+ et 3 d- (fig. 3.23) ne peut pas conduire à une différence des populations de ces bandes excédant 2,5 électrons par atome. A partir de 8,5 électrons par atome dans 3 d et 4 s, tous les alliages ne comportant pas de métaux plus légers que le fer se répartissent sur une droite de pente -1. Ceci est en accord avec la variation des configurations électroniques pour les atomes libres, donnée au tableau 3.24. L'existence des tronçons de pente positive n'a pas encore reçu d'explication entièrement satisfaisante.
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