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DielectriquePROPRIÉTÉS DIÉLECTRIQUES 4.1 INTRODUCTION, GÉNÉRALITÉS Selon le modèle des bandes d'énergie (sect. 2.6) la matière devient
diélectrique, c'est à dire mauvaise conductrice de l'électricité, quand les bandes de
conduction et de valence sont séparées par une énergie supérieure à 5 eV.
Alors, un très petit nombre seulement d'électrons reçoivent, à température ordinaire, l'énergie thermique nécessaire pour effectuer une transition dans la bande de conduction. Quand la température s'élève la probabilité de transition augmente, et l'on observe pour la
conductivité σ une dépendance du type : 4.2 LOIS MACROSCOPIQUES, DÉFINITIONS 4.2.1 Electrostatique dans le vide. Rappel Deux charges électriques ponctuelles q1 et q2 séparées par une distance r12 (fig.4.1) exercent l'une sur l'autre des forces F1 et F2 données par la loi de Coulomb: 4.2.2 Moment dipolaire Un dipôle électrique ( III 3.3.3) est un système formé de deux charges ponctuelles de même valeur mais de signe opposés, séparées par une distance d (fig. 4.4). Fig. 4.4 Dipôle électrique (modèle). 4.2.3 Vecteur polarisation P Soit un volume V, limité par la surface fermée A, et contenant N dipôles.
La charge globale de V est nulle. Si l'orientation des dipôles est parfaitement aléatoire, V ne présente pas, à l'échelle macroscopique, de propriété particulière. Si par contre l'orientation des dipôles n'est pas aléatoire, V présentera un moment dipolaire macroscopique
PV. 4.2.4 Représentation d'un état de polarisation On peut montrer [52] que le potentiel créé par les moments dipolaires contenus dans V est identique à celui créé par une densité volumique ρ' de charges réparties dans V, complétée par une densité superficielle σ' de charges
réparties sur A, et telles que : 4.2.5 Charges réalisées. Définition Dans le cas général, un diélectrique peut contenir, en plus des dipôles dont
l'effet peut être décrit par σ' et ρ', des densités de charges superficielles et en volume, σ et vρ correspondant à la présence de charges réelles. 4.2.6 Champ électrique et champ de déplacement à l'intérieur d'un diélectrique On pourrait définir D et E à l'intérieur d'un diélectrique de la même manière que dans le vide, car un diélectrique peut être considéré comme un assemblage de dipôles et charges ponctuelles placés dans le vide. Soient Dm et Dm le déplacement et le champ qui résulteraient de cette procédure. L'équation (4.6) prendrait la forme : 4.2.7 Susceptibilité diélectrique. Définition Dans les diélectriques (ferroélectriques exceptés), la polarisation est provoquée par le champ électrique et disparaît avec lui. Il est donc naturel de poser : 4.2.8 Permittivité. Définitions La forme de (4.23) suggère de contracter les deux termes du second membre de (4.22). On écrit: 4.3 POLARISATION À L'ÉCHELLE MICROSCOPIQUE 4.3.1 Champ local EL Dans un milieu polarisé, le champ électrique varie sur la distance séparant un dipôle de son voisin. Cette variation à l'échelle microscopique n'est pas décrite par les équations de Maxwell, qui ne relient entre elles que des grandeurs représentatives à l'échelle macroscopique. Ces grandeurs sont des mesures moyennes des phénomènes se déroulant à l'échelle des atomes. 4.3.2 Facteur de polarisation α. Définition Soit p le moment dipolaire d'un atome ou d'une molécule, projeté sur le champ local EL auquel cet atome ou cette molécule est soumis. On appelle facteur de polarisation α le rapport 4.3.3 Mécanismes de polarisation Les plus importants mécanismes concourant à l'apparition de p sont représentés schématiquement dans le tableau 4.10 :
Les polarisations électronique, ionique et par orientation font l'objet de modèles d'une portée générale, dont les plus simples sont étudiés dans les paragraphes suivants. La diversité des mécanismes à l'origine de la polarisation interfaciale ne permet pas d'en obtenir un modèle général. On ne cherchera donc pas à expliciter le facteur de polarisation interfaciale αif. 4.3.4 Polarisation électronique La polarisation électronique peut être décrite par le modèle classique suivant. L'atome est considéré comme formé d'un noyau ponctuel, portant une charge Ze. Ce noyau est entouré d'électrons confinés dans une sphère de rayon R, à l'intérieur de laquelle ils produisent une densité de charges p uniforme. En l'absence de champ, le noyau se trouve au centre O de la sphère (fig. 4.11).
Fig. 4.11 Un champ local EL crée des forces Fr tendant à extraire le noyau de la sphère chargée. Mais un déplacement δ du noyau par rapport à O crée à son tour des forces d'attraction coulombienne Fa tendant à ramener le noyau en O. Le déplacement du noyau est donc déterminé par la condition d'équilibre Fa= Fr. On a Fr = Z e EL (4.38) Supposons que la sphère contenant les électrons ne se déforme pas sous l'action de EL. Selon le théorème de Gauss, seule la charge électronique contenue dans la sphère de rayon S produit une force attractive sur le noyau. Par (4.5) le champ de déplacement dû à cette charge, à la surface de la sphère, vaut : D(δ)= -Z e δ/4πR3 (4.39) d'où Fa = -(Z e)2δ / 4π εo R3 (4.40) La condition d'équilibre devient Ze = 4 πεoR3EL = p (4.41) où p représente le moment dipolaire de l'atome. On déduit immédiatement de (4.41) le facteur de polarisation électronique αel: αel = 4 π εoR3 (4.42) II est intéressant de constater que αel ne dépend pas du nombre atomique, mais seulement de R, qui représente en fait le rayon de l'atome. Malgré l'extrême simplicité du modèle, (4.42) donne pour εel des ordres de grandeur corrects, en particulier dans le cas des gaz rares dont la structure électronique est la plus proche des hypothèses de départ. La structure électronique des atomes variant peu avec la température, on doit s'attendre qu'il en soit de même pour la polarisation électronique. Ce fait est confirmé par l'expérience. 4.3.5 Polarisation ionique Considérons le cas d'un monocristal ionique de structure cubique simple, dont la
direction < 100> est parallèle au champ appliqué, et au champ local qui en résulte. 4.3.6 Polarisation par orientation Pour que deux atomes différents A et B forment une molécule, il est nécessaire que
l'un d'entre eux ait une tendance plus marquée à partager un ou plusieurs de ses électrons avec l'autre. Supposons que c'est A qui présente cette tendance. On dit que A est électropositif et B électronégatif. Le transfert de charges de A vers B ne porte pas nécessairement sur un nombre entier de charges électroniques. Il se peut que l'électron fourni
par A ne passe qu'une partie de son temps au voisinage de B et qu'il reste, le complément
du temps, au voisinage de A (covalence). Dans tous les cas, puisqu'il n'y a pas de transfert de charges au niveau des noyaux, la molécule présente un moment dipolaire spontané pm.
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